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UN POINT DE DROIT.

et d’épouser qui bon lui semble, quand moi, corrégidor, l’aurai ainsi ordonné. Telle est la loi. Toutefois, ne puis donner pareil ordre, que si Thargela le réclame, soit de vive voix, soit par une attestation écrite.

— La voilà, dit vivement Joachimo, qui tendit une lettre au corrégidor.

— Bien ! approuva celui-ci, en saisissant une plume dont il se servit pour tracer un menaçant paraphe sur une feuille imprimée. Aujourd’hui, le 22. Mariage, le 25. Je désigne don Pablo Terraro, église Sao Anthonio.

Le corrégidor se leva et appuya violemment sur un timbre.

À ce signal, deux agents pénétrèrent dans le cabinet du magistrat.

« Messieurs, bonsoir ! » prononça celui-ci, tandis que les trois justiciables se retrouvaient dans la rue.

« Voilà une affaire arrangée, mon brave, dit Robert à Joachimo. Dans trois jours, vous épouserez votre Thargela.

— Oh ! messieurs, messieurs, comment vous remercier ? s’écria Joachimo, qui pressait chaleureusement les mains des obligeants étrangers.

— En rendant votre femme heureuse, mon garçon, dit Robert en riant. Mais qu’allez-vous faire, jusqu’au jour de votre mariage ?

— Moi ? demanda Joachimo étonné.

— Oui. N’avez-vous rien à craindre de tous ces énergumènes de tantôt ?

— Bah ! fit avec insouciance le jeune homme en montrant ses deux bras, j’ai ça. »

Et, sifflotant gaiement un air de danse, il se perdit dans les rues sombres de la capitale de Saint-Michel.