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L’AGENCE THOMPSON AND Co.

C’était désormais chose à régler entre ces deux peuples inférieurs : Portugais et Américains. L’Angleterre, dans sa personne, n’avait plus rien à y voir.

— En tous cas, reprit Thompson, cette démarche ne pourra être faite qu’après notre dîner, dont l’heure doit être même largement dépassée. Il restera alors à traverser la ligne des assiégeants. Vous devriez, mon cher Professeur, soumettre le cas à ce garçon.

— Je m’en charge, » déclara Joachimo.

S’approchant du bastingage, il héla les belligérants, et leur fit part de la résolution prise. Sa communication reçut des accueils divers. Mais enfin, du moment qu’il ne s’agissait plus d’un enlèvement, d’un rapt avec la complicité d’étrangers, du moment que cette affaire devait recevoir une solution régulière, il n’y avait qu’à se soumettre, et l’on se soumit, chaque parti restant libre au demeurant de s’attribuer la victoire. Les abords du Seamew se dégagèrent aussitôt, et quand, le dîner terminé, Thompson et Robert, en compagnie de Joachimo, débarquèrent sur le quai, ils le trouvèrent revenu à un calme relatif.

Toutefois, c’est escortés par un assez nombreux concours de populaire que les trois compagnons parvinrent au bureau de l’official. Le corrégidor n’y était pas, et un agent dut se mettre à sa recherche. Il arriva bientôt. C’était un homme entre deux âges, chauve, au teint de brique cuite, indiquant un tempérament irascible et bilieux. Irrité sans doute de ce dérangement imprévu, il interrogea aigrement ses tardifs visiteurs.

Robert le mit en peu de mots au courant des faits et lui demanda son avis. Mais, si rapidement qu’il eût exposé l’affaire, il avait été trop prolixe encore au gré de l’impatient corrégidor, dont les doigts battaient sur la table, derrière laquelle il était assis, une marche extrêmement orageuse.

« Femme Lobato, répondit-il en style télégraphique, réputation déplorable. Joachimo Salazar et fille Thargela, excellente. Droit absolu de cette dernière de se réfugier où il lui convient.