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L’AGENCE THOMPSON AND Co.

pouvait subir longtemps sans dommage un blocus si mal gardé.

En somme, il était certain que, si, pour des motifs inconnus, le Seamew avait des ennemis sur la terre de Saint-Michel, il y possédait aussi, pour des raisons également ignorées, de solides alliances, dont le concours actuellement tout au moins suffisait à sa défense.

Cependant, Thompson et Robert étaient entrés dans le salon. Ainsi que l’avait annoncé le brave capitaine, ils trouvèrent une jeune fille littéralement écroulée sur un divan, le visage enfoui dans ses mains et toute secouée de sanglots. En entendant venir les deux hommes, elle se releva vivement, et, dessinant un modeste salut, elle découvrit un charmant visage, qui exprimait pour le moment une cruelle confusion.

« Mademoiselle, dit Robert, une sorte d’émeute entoure ce bâtiment. Pourriez-vous nous dire si cette émeute a quelque rapport avec votre présence ici ?

— Hélas ! monsieur, je le crois, répondit la jeune fille en pleurant de plus belle.

— Dans ce cas, mademoiselle, veuillez vous expliquer. Votre nom, d’abord ?

— Thargela Lobato.

— Et pourquoi, reprit Robert, Mlle Lobato est-elle venue à bord ?

— Pour être protégée contre ma mère ! répondit résolument la jeune Açorienne.

— Contre votre mère !

— Oui, c’est une méchante femme. Et puis…

— Et puis ?… insista Robert.

— Et puis, murmura la jeune Thargela dont les joues s’empourprèrent, à cause de Joachimo Salazar.

— Joachimo Salazar ? répéta Robert. Qui est ce Joachimo Salazar ?

— Mon fiancé, répondit Thargela en se cachant le visage dans ses mains.