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L’AGENCE THOMPSON AND Co.

L’Administration répondit que ces messieurs étaient libres de descendre à terre, si le cœur leur en disait. Saunders répliqua qu’on devait y descendre TOUS, avec Administrateur et interprète, et, ce, aux frais de l’Agence. Thompson lui conseilla alors de persuader ses compagnons, et l’entrevue prit fin sur un ton assez aigre.

En résumé, deux passagers seulement débarquèrent dans la matinée : le sauvage jeune couple qui voyageait à sa manière. Thompson se tint pour assuré de ne les revoir qu’à l’heure même du départ.

Quant à Saunders et Hamilton, ils durent ronger leur frein. Avec quatre ou cinq de leurs compagnons presque aussi désagréables qu’eux-mêmes, ils occupèrent leurs loisirs par un échange d’aimables propos.

Ce groupe d’opposants n’était pas bien nombreux. Il existait pourtant, et Thompson fut obligé de constater que ses bourreaux faisaient des prosélytes. Pour la première fois, une scission légère, mais réelle, séparait les hôtes du Seamew en deux camps heureusement très inégaux. Le motif en était futile, mais il semblait que tous les désagréments précédents revinssent à la mémoire et fissent masse pour grossir hors de raison l’incident actuel.

Thompson s’en remit au temps.

Après le déjeuner, en effet, quand les embarcations eurent déposé tout le monde, sauf l’irréconciliable Johnson et le pestiféré Blockhead, sur le quai de Ponta-Delgada, toute mésintelligence parut oubliée, et l’on procéda, sous la conduite de Robert, à la visite de la ville, en rangs dont la régularité annonçait la concorde.

On visita ainsi les églises et les couvents que renferme Ponta-Delgada, et, sous l’obsession des cloches éternellement agitées, on parcourut jusqu’au soir ses rues étroites et sales.

Quelle déception ! Les maisons, si blanches de loin, apparaissaient de près lourdes et massives. Sur la chaussée, des