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L’AGENCE THOMPSON AND Co.

— Vous sentez-vous indisposé, cher ami ? demanda le baronnet à don Hygino qui avait subitement pâli.

— Un peu de fièvre gagnée à la Praya. Cette ville est décidément très malsaine, répondit le Portugais dont le visage se recolorait.

La voix du capitaine Pip tomba du pont.

— À virer au guindeau, les garçons !

Presque aussitôt, on entendit le bruit sec et régulier du cliquet tombant sur le fer de l’engrenage. Les passagers montèrent sur le spardeck pour assister à l’appareillage.

Le ciel s’était couvert pendant le dîner. Dans la nuit d’un noir d’encre, on ne voyait rien que les lumières d’Angra, d’où venaient de confuses rumeurs.

La voix de Mr. Flyship s’éleva sur l’avant.

— À pic, commandant.

— Tiens bon ! répondit le capitaine de la passerelle. Sur son ordre, la vapeur fusa dans les cylindres, la machine fut balancée, l’hélice battit l’eau quelques secondes.

— Veuillez déraper, s’il vous plaît, Mr. Flyship, commanda le capitaine.

Le cliquet du guindeau fit de nouveau entendre sa chute régulière, et l’ancre allait quitter le fond, quand une voix héla dans la nuit à deux encablures du Seamew.

— Oh ! du vapeur.

— Oh ! répondit le capitaine, qui ajouta en se retournant vers l’avant :

— Tiens bon, Mr. Flyship, s’il vous plaît ! »

Une embarcation à deux avirons sortit de l’ombre et accosta par bâbord.

« Je voudrais parler au capitaine, dit en portugais un individu que la nuit empêchait d’apercevoir distinctement.

Robert traduisit la demande.

— Me voici, dit le capitaine Pip en descendant de la passerelle et allant s’accouder sur le plat-bord.