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LES FÊTES DE LA PENTECÔTE.

— Ces messieurs sont les bienvenus à bord du Seamew, répondit Thompson… Je vois avec regret, reprit-il quand Jacopo et Christopho eurent pris place à table, que ces messieurs ont été blessés…

— Une chute malheureuse dans une vitre d’escalier pendant les allées et venues du départ, interrompit don Hygino.

— Ah ! fit Thompson. Vous répondez d’avance à ma question. J’allais vous demander si ces messieurs avaient été ainsi malmenés au cours de la terrible bagarre de cette après-midi.

Robert, qui regardait machinalement Jacopo et Christopho, crut les voir tressaillir. Mais il s’était évidemment trompé, et les deux frères ne savaient rien du drame incompréhensible auquel il venait d’être fait allusion, car don Hygino répondit sur-le-champ avec l’accent de la surprise la plus sincère :

— De quelle bagarre voulez-vous parler ? Vous serait-il arrivé quelque chose ?

Ce furent des exclamations. Comment ces messieurs da Veiga pouvaient-ils ignorer une aventure qui avait dû mettre la ville en révolution !

— Mon Dieu, c’est fort simple, répondit don Hygino. De toute la journée, nous n’avons pas quitté notre maison. Au reste, il est probable que vous exagérez involontairement quelque rixe sans importance.

On protesta, et Thompson fit à Hygino le récit des événements de l’après-midi. Celui-ci se déclara extrêmement surpris.

— Je ne puis m’expliquer, dit-il, comment la pieuse population de cette île a osé se conduire ainsi au cours d’une procession. Laissons à l’avenir le soin de nous donner le mot de cette énigme ! Car vous partez toujours ce soir ? ajouta-t-il en se tournant vers Thompson.

— Toujours, répondit celui-ci.

Le mot n’était pas terminé, que le bruit d’un coup de canon faisait trembler sourdement les vitres du salon. Peu entendirent et nul ne remarqua cette détonation effacée comme un écho.