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L’AGENCE THOMPSON AND Co.

« Quelles têtes de brigands ! dit Alice.

— En effet ! approuva Thompson. Savez-vous quels sont ces gens ? demanda-t-il à Don Hygino.

— Pas plus que vous.

— Ne seraient-ce pas des agents de police déguisés ? insinua Thompson.

— Il faut avouer que le déguisement serait réussi ! » s’écria railleusement Dolly.

Bientôt, d’ailleurs, on arrivait. Tout à coup, la colonne déboucha sur une vaste place, où grouillait le populaire sous un éclatant soleil. Le seigneur portugais, grâce à une manœuvre habile, parvint à conduire ses compagnons jusqu’à une petite éminence, au pied d’un bâtiment de vastes proportions. Là, gardé par quelques agents, un espace vide avait été ménagé et mis à l’abri de la foule.

« Voici votre place, mesdames et messieurs, dit Hygino. J’ai profité de mes relations avec le Gouverneur de Tercère, pour vous faire réserver cet endroit au pied de son palais.

On se confondit en remerciements.

— Maintenant, reprit-il, vous me permettrez de vous quitter. Avant mon départ, il me reste quelques préparatifs à faire. D’ailleurs vous n’avez plus besoin de moi. Gardés par ces braves agents, vous êtes merveilleusement placés pour tout voir, et je pense que vous allez assister à un spectacle curieux. »

Ces mots à peine prononcés, Don Hygino salua gracieusement et se perdit dans la foule. Il ne craignait évidemment pas la contagion. Les touristes ne tardèrent pas à l’oublier. La procession arrivait, déroulant ses magnificences.

Vers le haut de la rue, dans le large espace que la police déblayait devant le cortège, des bannières d’or et de soie, des statues portées sur les épaules, des oriflammes, des couronnes, des dais, s’avançaient dans la fumée odorante de l’encens. Des uniformes brillaient au soleil au milieu des blanches robes de jeunes filles. Et les voix s’élevaient soutenues par des orchestres de