Insensible à la séduction de ce rivage, le capitaine Pip allait se retirer dans sa chambre, quand un matelot lui amena un étranger qui venait d’accoster.
« Capitaine, dit ce personnage, ayant appris votre arrivée sur la rade d’Angra, la pensée m’est venue de me joindre à vos passagers, si toutefois…
— Ces questions, monsieur, interrompit le capitaine, ne me regardent pas. Bistow, ajouta-t-il en s’adressant au matelot, conduisez ce gentleman à Mr. Thompson. »
Thompson, dans sa cabine, discutait avec Robert le programme du lendemain, quand l’étranger fut introduit.
« Tout à votre service, monsieur, répondit-il aux premières ouvertures du nouveau venu. Bien que les places dont nous disposons soient assez limitées, il nous est encore possible… Vous connaissez, je suppose, les conditions du voyage ?
— Non, monsieur, répondit l’arrivant.
Thompson réfléchit un instant. N’y avait-il pas lieu de déduire du prix total une certaine somme représentant le parcours déjà accompli ? Il ne le pensa pas, sans doute, car il dit finalement, bien qu’avec un peu d’hésitation :
— Le prix, monsieur, a jusqu’ici été de quarante livres…
— Fort bien, dit l’étranger. Comme nous sommes trois…
— Ah ! vous êtes trois ?…
— Oui, mes deux frères et moi. Cela fait donc en tout cent vingt livres, que voici.
Et, tirant de son portefeuille une liasse de bank-notes, il la déposa sur la table.
— Il n’y avait rien d’urgent, fit observer poliment Thompson, qui, ayant compté les billets, les encaissa, et se mit en devoir d’en libeller le reçu.
— Reçu de monsieur ?… interrogea-t-il, la plume en suspens.
— Don Hygino Rodrigues da Veiga, répondit l’étranger, tandis que Thompson faisait courir sa plume.
Robert, pendant ce temps, observait silencieusement ce tou-