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LUNE DE MIEL.

légumes défilèrent, sans préjudice des fruits, tels que pastèques, calebasses, abricots et cent autres.

Mais il fallut quitter ce quartier plantureux. La journée s’avançant, Thompson ne crut pas devoir pousser la reconnaissance jusqu’au bout du cap Espalamaca. Il prit la première route qu’il rencontra sur la droite, et l’on commença à redescendre vers la ville.

La route dévalait entre une succession ininterrompue de villas entourées de superbes jardins, terrain de fusion des espèces les plus disparates.

Aux essences exotiques, se mêlaient celles d’Europe, parfois extrêmement agrandies. Le palmier s’élevait auprès du chêne ; à côté de l’acacia, le bananier et l’oranger. Les tilleuls et les peupliers y voisinaient avec l’eucalyptus, le cèdre du Liban avec l’araucaria du Brésil. Des fuchsias s’y haussaient à la taille de nos arbres.

Il était quatre heures de l’après-midi. Sous le dôme majestueux des grands arbres, les rayons plus obliques du soleil déclinant ne se glissaient qu’atténués. Après le pays de Chanaan, c’était le Paradis terrestre.

Instinctivement, les touristes avaient ralenti le pas. Ils se taisaient. Dans l’ombre lumineuse des arbres, caressés par la brise attiédie, ils descendaient sans se hâter, en silence, jouissant de la délicieuse promenade.

On atteignit ainsi le fort de l’Ouest, puis l’on suivit le parapet qui le réunit au fort central. La demie de cinq heures sonnait à peine, au moment où les touristes arrivaient sur le port, à l’amorce de la grande rue de Horta. La colonne alors se disloqua. Les uns préférèrent rentrer à bord. D’autres se répandirent en ville à l’aventure.

Robert dut aller s’assurer à l’Hôtel de la Vierge que tout serait prêt pour le lendemain. Sa commission terminée, il retournait au Seamew, quand il se heurta à sir Hamilton.

Sir Hamilton était furieux.