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le quatuor concertant déconcerté.

Parliament-House de Londres, plaqué sur la face d’une tour quadrangulaire.

Au pied de cette tour sont érigés les bâtiments de l’observatoire, affectés aux divers services, dont quelques-uns, coiffés de rotondes métalliques à fentes vitrées, permettent aux astronomes de suivre la marche des étoiles. Ils entourent une cour centrale, au milieu de laquelle se dresse la tour haute de cent cinquante pieds. De sa galerie supérieure, le regard peut s’étendre sur un rayon de vingt-cinq kilomètres, puisque l’horizon n’est limité par aucune tumescence, colline ou montagne.

Calistus Munbar, précédant ses hôtes, s’engage sous une porte que lui ouvre un concierge, vêtu d’une livrée superbe. Au fond du hall attend la cage de l’ascenseur, qui se meut électriquement. Le quatuor y prend place avec son guide. La cage s’élève d’un mouvement doux et régulier. Quarante-cinq secondes après, elle reste stationnaire au niveau de la plate-forme supérieure de la tour.

Sur cette plate-forme, se dresse la hampe d’un gigantesque pavillon, dont l’étamine flotte au souffle d’une brise du nord.

Quelle nationalité indique ce pavillon ? Aucun de nos Parisiens ne peut le reconnaître. C’est bien le pavillon américain avec ses raies transversales rouges et blanches ; mais le yacht, au lieu des soixante-sept étoiles qui brillaient au firmament de la Confédération à cette époque, n’en porte qu’une seule : une étoile, ou plutôt un soleil d’or, écartelé sur l’azur du yacht, et qui semble rivaliser d’irradiation avec l’astre du jour.

« Notre pavillon, messieurs, » dit Calistus Munbar en se découvrant par respect.

Sébastien Zorn et ses camarades ne peuvent faire autrement que l’imiter. Puis, ils s’avancent sur la plate-forme jusqu’au parapet, et se penchant…

Quel cri — de surprise d’abord, de colère ensuite, — s’échappe de leur poitrine !

La campagne entière se développe sous le regard. Cette campagne