forestière bondissent entre les massifs, ce sont les bergers de D’Urfé et ses bergères charmantes, dont il y aurait lieu de regretter l’absence. Quant au Lignon, il est représenté par une Serpentine-river, qui promène ses eaux vivifiantes à travers les vallonnements de cette campagne.
Seulement, tout y semble artificiel.
Ce qui provoque l’ironique Pinchinat à s’écrier :
« Ah çà ! voilà tout ce que vous avez en fait de rivière ? »
Et Calistus Munbar à répondre :
« Des rivières ?… À quoi bon ?…
— Pour avoir de l’eau, parbleu !
— De l’eau… c’est-à-dire une substance généralement malsaine, microbienne et typhoïque ?…
— Soit, mais on peut l’épurer…
— Et pourquoi se donner cette peine, lorsqu’il est si facile de fabriquer une eau hygiénique, exempte de toute impureté, et même gazeuse ou ferrugineuse au choix…
— Vous fabriquez votre eau ?… demande Frascolin.
— Sans doute, et nous la distribuons chaude ou froide à domicile, comme nous distribuons la lumière, le son, l’heure, la chaleur, le froid, la force motrice, les agents antiseptiques, l’électrisation par auto-conduction…
— Laissez-moi croire alors, réplique Yvernès, que vous fabriquez aussi la pluie pour arroser vos pelouses et vos fleurs ?…
— Comme vous dites… monsieur, réplique l’Américain en faisant scintiller les joyaux de ses doigts à travers les fluescentes touffes de sa barbe.
— De la pluie sur commande ! s’écrie Sébastien Zorn.
— Oui, mes chers amis, de la pluie que des conduites, ménagées dans notre sous-sol, permettent de répandre d’une façon régulière, réglementaire, opportune et pratique. Est-ce que cela ne vaut pas mieux que d’attendre le bon plaisir de la nature et de se soumettre aux caprices des climats, que de pester contre les intempéries sans