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l’île à hélice.

au-dessous de la ville sur la côte de la Basse-Californie… En vérité, où pourrait-il être, si ce n’est en un point quelconque de ce littoral ?

Les artistes, légèrement ahuris, prennent place sur les banquettes d’un car élégant, où sont assis déjà plusieurs voyageurs. Ceux-ci serrent la main à Calistus Munbar, — ce diable d’homme est connu de tout le monde, — et les dynamos du tram se livrent à leur fougue locomotrice.

Parc, Calistus Munbar a raison de qualifier ainsi la campagne qui s’étend autour de la cité. Des allées à perte de vue, des pelouses verdoyantes, des barrières peintes, droites ou en zigzag, nommées fences ; autour des réserves, des bouquets d’arbres, chênes, érables, hêtres, marronniers, micocouliers, ormes, cèdres, jeunes encore, animés d’un monde d’oiseaux de mille espèces. C’est un véritable jardin anglais, possédant des fontaines jaillissantes, des corbeilles de fleurs alors dans tout l’épanouissement d’une fraîcheur printanière, des massifs d’arbustes où se mélangent les sortes les plus diversifiées, des géraniums géants comme ceux de Monte-Carlo, des orangers, des citronniers, des oliviers, des lauriers-roses, des lentisques, des aloès, des camélias, des dahlias, des rosiers d’Alexandrie à fleurs blanches, des hortensias, des lotus blancs et roses, des passiflores du Sud-Amérique, de riches collections de fuchsias, de salvias, de bégonias, de jacinthes, de tulipes, de crocus, de narcisses, d’anémones, de renoncules de Perse, d’iris barbatas, de cyclamens, d’orchidées, des calcéolaires, des fougères arborescentes, et aussi de ces essences spéciales aux zones tropicales, balisiers, palmiers, dattiers, figuiers, eucalyptus, mimosas, bananiers, goyaviers, calebassiers, cocotiers, en un mot, tout ce qu’un amateur peut demander au plus riche des jardins botaniques.

Avec sa propension à évoquer les souvenirs de l’ancienne poésie. Yvernès doit se croire transporté dans les bucoliques paysages du roman d’Astrée. Il est vrai, si les moutons ne manquent pas à ces fraîches prairies, si des vaches roussâtres paissent entre les barrières, si des daims, des biches et autres gracieux quadrupèdes de la faune