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un loquace cicerone.

artères sont pourvues de ces trottoirs mouvants, actionnés par la traction d’une chaîne sans fin, et sur lesquels les gens se promènent comme ils le feraient dans un train en marche, en participant à son mouvement propre.

Circulent aussi des voitures électriques, roulant sur les chaussées, avec la douceur d’une bille sur un tapis de billard. Quant à des équipages, au véritable sens de ce mot, c’est-à-dire des véhicules traînés par des chevaux, on n’en rencontre que dans les quartiers opulents.

« Ah ! voici une église, » dit Frascolin.

Et il montre un édifice d’assez lourde contexture, sans style architectural, une sorte de pâté de Savoie, planté au milieu d’une place aux verdoyantes pelouses.

« C’est le temple protestant, répond Calistus Munbar en s’arrêtant devant cette bâtisse.

— Y a-t-il des églises catholiques dans votre ville ?… demande Yvernès.

— Oui, monsieur. D’ailleurs, je dois vous faire observer que, bien que l’on professe environ mille religions différentes sur notre globe, nous nous en tenons ici au catholicisme et au protestantisme. Ce n’est pas comme en ces États-Unis, désunis par la religion s’ils ne le sont pas en politique, où il y a autant de sectes que de familles, méthodistes, anglicans, presbytériens, anabaptistes, wesleyens, etc… Ici, rien que des protestants fidèles à la doctrine calviniste, ou des catholiques romains.

— Et quelle langue parle-t-on ?…

— L’anglais et le français sont employés couramment…

— Ce dont nous vous félicitons, dit Pinchinat.

— La ville, reprend Calistus Munbar, est donc divisée en deux sections, à peu près égales. Ici nous sommes dans la section…

— Ouest, je pense ?… fait observer Frascolin en s’orientant sur la position du soleil.

— Ouest… si vous voulez…

— Comment… si je veux ?… réplique le deuxième violon, assez