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l’île à hélice.

Après la cérémonie du mariage à Auckland, Sébastien Zorn, Yvernès, Frascolin et Pinchinat sont allés prendre congé de leurs amis sans oublier Athanase Dorémus. Puis ils ont pu s’embarquer sur un steamer à destination de San-Diégo.

Arrivés le 3 mai dans cette capitale de la Basse-Californie, leur premier soin est de s’excuser par la voie des journaux d’avoir manqué de parole onze mois auparavant, et d’exprimer leurs vifs regrets de s’être fait attendre.

« Messieurs, nous vous aurions attendu vingt ans encore ! »

Telle est la réponse qu’ils reçoivent de l’aimable directeur des soirées musicales de San-Diégo.

On ne saurait être ni plus accommodant ni plus gracieux. Aussi la seule manière de reconnaître tant de courtoisie est-elle de donner ce concert annoncé depuis si longtemps !

Et, devant un public aussi nombreux qu’enthousiaste, le quatuor en fa majeur de l’Op. 9 de Mozart vaut-il à ces virtuoses, échappés au naufrage de Standard-Island, l’un des plus grands succès de leur carrière d’artistes.

Voilà comment se termine l’histoire de cette neuvième merveille du monde, de cet incomparable Joyau du Pacifique ! Tout est bien qui finit bien, dit-on, mais tout est mal qui finit mal, et n’est-ce pas le cas de Standard-Island ?…

Finie, non ! et elle sera reconstruite un jour ou l’autre, — à ce que prétend Calistus Munbar.

Et pourtant, — on ne saurait trop le répéter, — créer une île artificielle, une île qui se déplace à la surface des mers, n’est-ce pas dépasser les limites assignées au génie humain, et n’est-il pas défendu à l’homme, qui ne dispose ni des vents ni des flots, d’usurper si témérairement sur le Créateur ?…


fin de la seconde et dernière partie.