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dénouement.

Dans l’après-midi, le vent ayant molli d’heure en heure, la mer est tombée, et les fragments ressentent à peine les ondulations de la houle. Grâce au va-et-vient des embarcations de Bâbord-Harbour, le commodore Simcoë s’occupe de pourvoir à l’alimentation des naufragés, en ne leur attribuant que ce qui est nécessaire pour ne pas mourir de faim.

D’ailleurs, les communications deviennent plus faciles et plus rapides. Les divers morceaux, obéissant aux lois de l’attraction, comme des débris de liège à la surface d’une cuvette remplie d’eau, tendent à se rapprocher les uns des autres. Et comment cela ne paraîtrait-il pas de bon augure au confiant Calistus Munbar, qui entrevoit déjà la reconstitution de son Joyau du Pacifique ?…

La nuit s’écoule dans une profonde obscurité. Il est loin le temps où les avenues de Milliard-City, les rues de ses quartiers commerçants, les pelouses du parc, les champs et les prairies resplendissaient de feux électriques, où les lunes d’aluminium versaient à profusion une éblouissante lumière à la surface de Standard-Island !

Au milieu de ces ténèbres, il s’est produit quelques collisions entre plusieurs fragments. Ces chocs ne pouvaient être évités, mais, par bonne chance, ils n’ont pas été assez violents pour causer de sérieux dommages.

Au jour levant, on constate que les débris se sont très rapprochés, et flottent de conserve sans se heurter sur cette mer tranquille. En quelques coups d’aviron, on passe de l’un à l’autre. Le commodore Simcoë a toute facilité pour réglementer la consommation des vivres et de l’eau douce. C’est la question capitale, les naufragés le comprennent et sont résignés.

Les embarcations transportent plusieurs familles. Elles vont à la recherche de ceux des leurs qu’elles n’ont pas encore revus. Quelle joie chez celles qui se retrouvent, sans souci des dangers qui les menacent ! Quelle douleur pour les autres, qui ont vainement fait appel aux absents !

C’est évidemment une circonstance des plus heureuses que la mer