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tribord et bâbord, la barre.

être éloignée des parages où elle doit rencontrer les navires de ravitaillement. Des vigies, placées au sommet de la tour, surveillent la mer sur un vaste périmètre, afin de signaler ces steamers dès qu’ils paraîtront au large. Près du commodore se trouvent le roi de Malécarlie, le colonel Stewart, Sébastien Zorn, Pinchinat, Frascolin, Yvernès, un certain nombre d’officiers et de fonctionnaires, — de ceux que l’on peut appeler les neutres, car ils n’ont point pris part aux dissensions intestines. Pour eux, l’essentiel est d’arriver le plus vite possible à Madeleine-bay, où ce déplorable état de choses prendra fin.

À ce moment, deux timbres résonnent, et deux ordres sont transmis au commodore par le téléphone. Ils viennent de l’hôtel de ville, où Jem Tankerdon, dans l’aile droite, Nat Coverley, dans l’aile gauche, se tiennent avec leurs principaux partisans. C’est de là qu’ils administrent Standard-Island, et ce qui n’étonnera guère, à coups d’arrêtés absolument contradictoires.

Or, le matin même, à propos de l’itinéraire suivi par Ethel Simcoë et sur lequel les deux gouverneurs auraient au moins dû s’entendre, l’accord n’a pu se faire. L’un, Nat Coverley, a décidé que Standard-Island prendrait une direction nord-est afin de rallier l’archipel des Gilbert. L’autre, Jem Tankerdon, s’entêtant à créer des relations commerciales, a résolu de faire route au sud-ouest vers les parages australiens.

Voilà où ils en sont, ces deux rivaux, et leurs amis ont juré de les soutenir.

À la réception des deux ordres envoyés simultanément à l’observatoire :

« Voilà ce que je craignais… dit le commodore.

— Et ce qui ne saurait se prolonger dans l’intérêt public ! ajoute le roi de Malécarlie.

— Que décidez-vous ?… demande Frascolin.

— Parbleu, s’écrie Pinchinat, je suis curieux de voir comment vous manœuvrerez, monsieur Simcoë !