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attaque et défense.

de Milliard-City, où la population s’était rendue presque tout entière pour les fêtes du mariage. Que la campagne et le parc soient ravagés, il faut s’y attendre. Que les deux ports et les fabriques d’énergie électrique soient dévastés, on doit le craindre. Que les batteries de l’Éperon et de la Poupe soient détruites, on ne peut l’empêcher. Le plus grand malheur serait que l’artillerie du Standard-Island se tournât contre la ville, et il n’est pas impossible que les Malais sachent la manœuvrer…

Avant tout, sur la proposition du roi de Malécarlie, on fait rentrer dans l’hôtel de ville la plupart des femmes et des enfants.

Ce vaste hôtel municipal est plongé dans une profonde obscurité, comme l’île entière, car les appareils électriques ont cessé de fonctionner, les mécaniciens ayant dû fuir les assaillants.

Cependant, par les soins du commodore Simcoë, les armes qui étaient déposées à l’hôtel de ville sont distribuées aux miliciens et aux marins, et les munitions ne leur feront pas défaut. Après avoir laissé miss Dy avec Mrs Tankerdon et Coverley, Walter est venu se joindre au groupe dans lequel se tiennent Jem Tankerdon, Nat Coverley, Calistus Munbar, Pinchinat, Yvernès, Frascolin et Sébastien Zorn.

« Allons… il paraît que cela devait finir de cette façon !… murmure le violoncelliste.

— Mais ce n’est pas fini ! s’écrie le surintendant. Non ! ce n’est pas fini, et ce n’est pas notre chère Standard-Island qui succombera devant une poignée de Kanaques ! »

Bien parlé, Calistus Munbar ! Et l’on comprend que la colère te dévore, à la pensée que ces coquins de Néo-Hébridiens ont interrompu une fête si bien ordonnée ! Oui, il faut espérer qu’on les repoussera… Par malheur, s’ils ne sont pas supérieurs en nombre, ils ont l’avantage de l’offensive.

Pourtant les détonations continuent d’éclater au loin, dans la direction des deux ports. Le capitaine Sarol a commencé par interrompre le fonctionnement des hélices, afin que Standard-Island ne puisse s’éloigner d’Erromango, où se trouve sa base d’opération.