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l’île à hélice.

raître sous l’horizon ! N’aurait-il pas été humilié devant ces effluences artificielles, qui rendent la nuit aussi claire que le jour ?

La cantate est chantée entre neuf et dix heures, — avec quel succès, il ne sied ni au poète ni au compositeur d’en convenir. Et peut-être même, à ce moment, le violoncelliste a-t-il senti se dissoudre ses injustes préventions contre le Joyau du Pacifique…

Onze heures sonnant, un long cortège processionnal se dirige vers l’hôtel de ville. Walter Tankerdon et miss Dy Coverley marchent au milieu de leurs familles. Toute la population les accompagne en remontant la Unième Avenue.

Le gouverneur Cyrus Bikerstaff se tient dans le grand salon de l’hôtel municipal. Le plus beau de tous les mariages qu’il lui aura été donné de célébrer pendant sa carrière administrative, va s’accomplir…

Soudain des cris éclatent vers l’extrême quartier de la section bâbordaise.

Le cortège s’arrête à mi-avenue.

Presque aussitôt, avec ces cris qui redoublent, de lointaines détonations se font entendre.

Un instant après, quelques douaniers, — plusieurs blessés, — se précipitent hors du square de l’hôtel de ville.

L’anxiété est au comble. À travers la foule se propage cette épouvante irraisonnée qui naît d’un danger inconnu…

Cyrus Bikerstaff paraît sur le perron de l’hôtel, suivi du commodore Simcoë, du colonel Stewart et des notables qui sont venus les rejoindre.

Aux questions qui leur sont faites, les douaniers répondent que Standard-Island vient d’être envahie par une bande de Néo-Hébridiens, — trois ou quatre mille, — et le capitaine Sarol est à leur tête.