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changement de propriétaires.

de Standard-Island. Et l’affaire s’est si sagement, si rapidement opérée, que dès ce jour-là le liquidateur a pu se rembarquer, emportant les signatures des principaux acquéreurs, avec la garantie du conseil des notables.

Quant à ce personnage, si prodigieusement considérable, qui a nom Calistus Munbar, surintendant des beaux-arts et des plaisirs de l’incomparable Joyau du Pacifique, il est simplement confirmé dans ses attributions, émoluments, bénéfices, et, en vérité, aurait-on jamais pu trouver un successeur à cet homme irremplaçable ?

« Allons ! fait observer Frascolin, tout est au mieux, l’avenir de Standard-Island est assuré, elle n’a plus rien à craindre…

— Nous verrons ! » murmure le têtu violoncelliste.

Voilà dans quelles conditions va maintenant s’accomplir le mariage de Walter Tankerdon et de miss Dy Coverley. Les deux familles seront unies par ces intérêts pécuniaires qui, en Amérique comme ailleurs, forment les plus solides liens sociaux. Quelle assurance de prospérité pour les citoyens de Standard-Island. Depuis qu’elle appartient aux principaux Milliardais, il semble qu’elle soit plus indépendante qu’elle ne l’était, plus maîtresse de ses destinées ! Auparavant, une amarre la rattachait à cette baie Madeleine des États-Unis, et cette amarre, elle vient de la rompre !

À présent, tout à la fête !

Est-il nécessaire d’insister sur la joie des parties en cause, d’exprimer ce qui est inexprimable, de peindre le bonheur qui rayonne autour d’elles ? Les deux fiancés ne se quittent plus. Ce qui a paru être un mariage de convenance pour Walter Tankerdon et miss Dy Coverley est réellement un mariage de cœur. Tous deux s’aiment d’une affection dans laquelle l’intérêt n’entre pour rien, que l’on veuille bien le croire. Le jeune homme et la jeune fille possèdent ces qualités qui doivent leur assurer la plus heureuse des existences. C’est une âme d’or, ce Walter, et soyez convaincus que l’âme de miss Dy est faite du même métal, — au figuré s’entend, et non dans le sens matériel qu’autoriseraient leurs millions. Ils sont créés l’un pour