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l’île à hélice.

cette campagne à bord de Standard-Island… quoi qu’en pense notre ami Zorn…

— Et son éternelle scie… scie majeure avec cinq dièzes ! ajoute cet incurable Pinchinat.

— Oui… et surtout quand elle sera finie, cette campagne, réplique le violoncelliste, et lorsque nous aurons empoché le quatrième trimestre des appointements que nous aurons bien gagnés…

— Eh ! fait Yvernès, en voilà trois que la Compagnie nous a réglés depuis notre départ, et j’approuve fort Frascolin, notre précieux comptable, d’avoir envoyé cette forte somme à la banque de New-York ! »

En effet, le précieux comptable a cru sage de verser cet argent, par l’entremise des banquiers de Milliard-City, dans une des honorables caisses de l’Union. Ce n’était point défiance, mais uniquement parce qu’une caisse sédentaire paraît offrir plus de sécurité qu’une caisse flottante, au-dessus des cinq à six mille mètres de profondeur que mesure communément le Pacifique.

C’est au cours de cette conversation, entre les volutes parfumées des cigares et des pipes, qu’Yvernès fut conduit à présenter l’observation suivante :

« Les fêtes du mariage promettent d’être splendides, mes amis. Notre surintendant n’épargne ni son imagination ni ses peines, c’est entendu. Il y aura pluies de dollars, et les fontaines de Milliard-City verseront des vins généreux, je n’en doute pas. Pourtant, savez-vous ce qui manquera à cette cérémonie ?…

— Une cataracte d’or liquide coulant sur des rochers de diamants ! s’écrie Pinchinat.

— Non, répond Yvernès, une cantate…

— Une cantate ?… réplique Frascolin.

— Sans doute, dit Yvernès. On fera de la musique, nous jouerons nos morceaux les plus en vogue, appropriés à la circonstance… mais s’il n’y a pas de cantate, de chant nuptial, d’épithalame en l’honneur des mariés…