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l’île à hélice.

Une heure durant, les artistes se promènent à travers le village sans être inquiétés par les indigènes. Le chef à l’habit bleu a regagné sa case, et il est visible que l’accueil des naturels est empreint d’une profonde indifférence.

Après avoir circulé dans les rues de Tampoo, sans qu’aucune paillote se soit ouverte pour les recevoir, Sébastien Zorn, Yvernès, Pinchinat, Frascolin et le pilote se dirigent vers des ruines de temples, sortes de masures abandonnées, situées non loin d’une maison qui sert de demeure à l’un des sorciers de l’endroit.

Ce sorcier, campé sur sa porte, leur adresse un coup d’œil peu encourageant, et ses gestes semblent indiquer qu’il leur jette quelque mauvais sort.

Frascolin essaie d’entrer en conversation avec lui par l’intermédiaire du pilote. Le sorcier prend alors une mine si rébarbative, une attitude si menaçante, qu’il faut abandonner tout espoir de tirer une parole de ce porc-épic fidgien.

Pendant ce temps, et en dépit des recommandations qui lui ont été faites, Pinchinat s’est éloigné en franchissant un épais massif de bananiers étages au flanc d’une colline.

Lorsque Sébastien Zorn, Yvernès et Frascolin, rebutés par la mauvaise grâce du sorcier, se préparent à quitter Tampoo, ils n’aperçoivent plus leur camarade.

Cependant l’heure est venue de regagner l’embarcation. Le jusant ne doit pas tarder à s’établir, et ce n’est pas trop des quelques heures qu’il dure pour redescendre le cours de la Rewa.

Frascolin, inquiet de ne point voir Pinchinat, le hèle d’une voix forte.

Son appel reste sans réponse.

« Où est-il donc ?… demande Sébastien Zorn.

— Je ne sais… répond Yvernès.

— Est-ce que l’un de vous a vu votre ami s’éloigner ?… » interroge le pilote.

Personne ne l’a vu !