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l’île à hélice.

rité, la Standard-Island Company ne devra pas hésiter à poursuivre le Royaume-Uni devant un tribunal international et lui réclamer de formidables dommages-intérêts ! Est-ce que le droit des gens n’a pas été effroyablement violé dans cette circonstance ? Oui ! il l’est, et si jamais la preuve est faite…

Mais, ainsi que l’a décidé le conseil des notables, il faut aller au plus pressé.

Et tout d’abord, contrairement à ce qu’ont demandé certaines familles sous l’empire de l’épouvante, il ne peut être question que la population se réfugie sur les steamers des deux ports et fuie Standard-Island. Ces navires n’y suffiraient pas, d’ailleurs.

Non ! on va donner la chasse à ces animaux d’importation anglaise, on les détruira, et le Joyau du Pacifique ne tardera pas à recouvrer sa sécurité d’autrefois.

Les Milliardais se mettent à l’œuvre sans perdre un instant. Quelques-uns n’ont pas hésité à proposer des moyens extrêmes, — entre autres d’introduire la mer sur l’île à hélice, de propager l’incendie à travers les massifs du parc, les plaines et les champs, de manière à noyer ou à brûler toute cette vermine. Mais dans tous les cas, le moyen serait inefficace en ce qui concerne les amphibies, et mieux vaut procéder par des battues sagement organisées.

C’est ce qui est fait.

Ici, mentionnons que le capitaine Sarol, les Malais, les Néo-Hébridiens, ont offert leurs services, qui sont acceptés avec empressement par le gouverneur. Ces braves gens ont voulu reconnaître ce qu’on a fait pour eux. Au fond, le capitaine Sarol craint surtout que cet incident interrompe la campagne, que les Milliardais et leurs familles veuillent abandonner Standard-Island, qu’ils obligent l’administration à regagner directement la baie Madeleine, ce qui réduirait ses projets à néant.

Le quatuor se montre à la hauteur des circonstances et digne de sa nationalité. Il ne sera pas dit que quatre Français n’auront point payé de leur personne, puisqu’il y a des dangers à courir. Ils se