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l’île à hélice.

geance. Mais, ainsi que le répète Cyrus Bikerstaff, l’essentiel est de n’avoir à regretter la mort de personne.

« Quant à ces fauves, dont nous ne pouvons estimer le nombre, ajoute-t-il, il importe qu’ils soient détruits dans un bref délai. Leur laisser le temps de s’acclimater, de se multiplier, ce serait compromettre la sécurité de notre île.

— Il est probable, fait observer un des notables, que cette bande n’est pas considérable…

— En effet, elle n’a pu venir que d’un navire qui transportait une ménagerie, répond le gouverneur, un navire expédié de l’Inde, des Philippines ou des îles de la Sonde, pour le compte de quelque maison de Hambourg, où se fait spécialement le commerce de ces animaux. »

Là est le principal marché des fauves, dont les prix courants atteignent douze mille francs pour les éléphants, vingt-sept mille pour les girafes, vingt-cinq mille pour les hippopotames, cinq mille pour les lions, quatre mille pour les tigres, deux mille pour les jaguars, — d’assez beaux prix, on le voit, et qui tendent à s’élever, tandis qu’il y a baisse sur les serpents.

Et, à ce propos, un membre du conseil, ayant fait observer que la ménagerie en question possédait peut-être quelques représentants de la classe des ophidiens, le gouverneur répond qu’aucun reptile n’a encore été signalé. D’ailleurs, si des lions, des tigres, des alligators, ont pu s’introduire à la nage par l’embouchure de la Serpentine, cela n’eût pas été possible à des serpents.

C’est ce que fait observer Cyrus Bikerstaff.

« Je pense donc, dit-il, que nous n’avons point à redouter la présence de boas, corals, crotales, najas, vipères, et autres spécimens de l’espèce. Néanmoins, nous ferons tout ce qui sera nécessaire pour rassurer la population à ce sujet. Mais ne perdons pas de temps, messieurs, et, avant de rechercher quelle a été la cause de cet envahissement d’animaux féroces, occupons-nous de les détruire. Ils y sont, il ne faut pas qu’ils y restent. »