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l’île à hélice.

D’ailleurs, la rupture du tabou a dû s’opérer régulièrement, conformément aux cérémonies cultuelles du fata en usage dans ces circonstances. Suivant la coutume, un nombre considérable de porcs sont égorgés, cuits à l’étouffée dans un trou rempli de pierres brûlantes, de patates douces, de taros et de fruits du macoré, puis mangés à l’extrême satisfaction des estomacs tongiens.

Quant à son violoncelle, un peu détendu dans la bagarre, Sébastien Zorn n’eut plus qu’à le remettre au diapason, après avoir constaté qu’il n’avait rien perdu de ses qualités par suite des incantations indigènes.


VI

UNE COLLECTION DE FAUVES.


En quittant Tonga-Tabou, Standard-Island met le cap au nord-ouest, vers l’archipel des Fidji. Elle commence à s’éloigner du tropique à la suite du soleil qui remonte vers l’Équateur. Il n’est pas nécessaire qu’elle se hâte. Deux cents lieues seulement la séparent du groupe fidgien, et le commodore Simcoë se maintient à l’allure de promenade.

La brise est variable, mais qu’importe la brise pour ce puissant appareil marin ? Si, parfois, de violents orages éclatent sur cette limite du vingt-troisième parallèle, le Joyau du Pacifique ne songe même pas à s’en inquiéter. L’électricité, qui sature l’atmosphère, est soutirée par les nombreuses tiges dont ses édifices et ses habitations sont armés. Quant aux pluies, même torrentielles, que lui versent ces nuages orageux, elles sont les bienvenues. Le parc et la campagne verdoient sous ces douches, rares d’ailleurs. L’existence s’é-