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l’île à hélice.

gènes seraient accourus au premier signal, et quelle aubaine pour peu que le prix du pilotage eût été calculé sur le tonnage de Standard-Island ! Deux cent cinquante-neuf millions de tonnes ! Mais le commodore Simcoë, à qui tous ces parages sont familiers, n’a pas besoin de leurs bons offices. Il n’a confiance qu’en lui seul, et compte sur le mérite des officiers qui exécutent ses ordres avec une absolue précision.

Tonga-Tabou est aperçue dans la matinée du 9 janvier, alors que Standard-Island n’en est pas à plus de trois à quatre milles. Très basse, sa formation n’étant pas due à un effort géologique, elle n’est pas montée du fond sous-marin, comme tant d’autres îles immobilisées après être venues respirer à la surface de ces eaux. Ce sont les infusoires qui l’ont peu à peu construite en édifiant leurs étages madréporiques.

Et quel travail ! Cent kilomètres de circonférence, une aire de sept à huit cents kilomètres superficiels, sur lesquels vivent vingt mille habitants !

Le commodore Simcoë s’arrête en face du port de Maofuga. Des rapports s’établissent immédiatement entre l’île sédentaire et l’île mouvante, une sœur de cette Latone de mythologique souvenir ! Quelle différence offre cet archipel avec les Marquises, les Pomotou, l’archipel de la Société ! L’influence anglaise y domine, et, soumis à cette domination, le roi Georges Ier ne s’empressera pas de faire bon accueil à ces Milliardais d’origine américaine.

Cependant, à Maofuga, le quatuor rencontre un petit centre français. Là réside l’évêque de l’Océanie, qui faisait alors une tournée pastorale dans les divers groupes. Là s’élèvent la mission catholique, la maison des religieuses, les écoles de garçons et de filles. Inutile de dire que les Parisiens sont reçus avec cordialité par leurs compatriotes. Le supérieur de la Mission leur offre l’hospitalité, ce qui les dispense de recourir à la « Maison des Étrangers ». Quant à leurs excursions, elles ne doivent les conduire qu’à deux autres points importants, Nakualofa, la capitale des états du roi Georges,