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l’île à hélice.

cent mille livres sterling[1], soit six millions de dollars, laquelle somme devra être versée entre les mains dudit amiral sir Edward Collinson, faute de quoi il sera procédé même par la force contre ladite Standard-Island. »

Rien qu’une phrase de trois cent sept mots, coupée de virgules, sans un seul point ! Mais comme elle dit tout, et comme elle ne laisse place à aucune échappatoire ! Oui ou non, le gouverneur se résout-il à admettre la réclamation faite par sir Edward Collinson et accepte-t-il son dire touchant : 1o la responsabilité encourue par la Compagnie ; 2o la valeur estimative de douze cent mille livres, attribuée au steamer Glen de Glasgow ?

Cyrus Bikerstaff répond par les arguments d’usage en matière de collision :

Le temps était très obscur en raison d’une éruption volcanique qui avait dû se produire dans les parages de l’ouest. Si le Glen avait ses feux, Standard-Island avait les siens. De part et d’autre, il était impossible de les apercevoir. On se trouve donc dans le cas de force majeure. Or, d’après les règlements maritimes, chacun doit garder ses avaries pour compte, et il ne peut y avoir matière ni à réclamation ni à responsabilité.

Réponse du capitaine Turner :

Son Excellence le gouverneur aurait sans doute raison dans le cas où il s’agirait de deux bâtiments naviguant dans des conditions ordinaires. Si le Glen remplissait ces conditions, il est manifeste que Standard-Island ne les remplit pas, qu’elle ne saurait être assimilée à un navire, qu’elle constitue un danger permanent en mouvant son énorme masse à travers les routes maritimes, qu’elle équivaut à une île, à un îlot, à un écueil qui se déplacerait sans que son gisement pût être porté d’une façon définitive sur les cartes, que l’Angleterre a toujours protesté contre cet obstacle impossible à fixer par des relèvements hydrographiques, et que Standard-Island doit toujours

  1. 30 millions de francs.