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l’île à hélice.

laisse pas impunément amputer… À quelles réclamations et responsabilités Standard-Island ne doit-elle pas s’attendre ?…

Ainsi débute la nouvelle année. Ce jour-là, jusqu’à dix heures du matin, le commodore Simcoë n’est point en mesure d’entreprendre des recherches au large. L’espace est encore encrassé de vapeurs, bien que le vent qui fraîchit commence à dissiper la pluie de cendres. Enfin le soleil perce les brumes de l’horizon.

Dans quel état se trouvent Milliard-City, le parc, la campagne, les fabriques, les ports ! Quel travail de nettoyage ! Après tout, cela regarde les bureaux de la voirie. Simple question de temps et d’argent. Ni l’un ni l’autre ne manquent.

On va au plus pressé. Tout d’abord, les ingénieurs gagnent la batterie de l’Éperon, sur le côté du littoral où s’est produit l’abordage. Dommages insignifiants de ce chef. La solide coque d’acier n’a pas plus souffert que le coin qui s’enfonce dans le morceau de bois, — en l’espèce, le navire abordé.

Au large, ni débris ni épaves. Du haut de la tour de l’observatoire, les plus puissantes lunettes ne laissent rien apercevoir, bien que, depuis la collision, Standard-Island ne se soit pas déplacée de deux milles.

Il convient de prolonger les investigations au nom de l’humanité.

Le gouverneur confère avec le commodore Simcoë. Ordre est donné aux mécaniciens de stopper les machines, et aux embarcations électriques des deux ports de prendre la mer.

Les recherches, qui s’étendent sur un rayon de cinq à six milles, ne donnent aucun résultat. Cela n’est que trop certain, le bâtiment, crevé dans ses œuvres vives, a dû sombrer, sans laisser trace de sa disparition.

Le commodore Simcoë fait alors reprendre la vitesse réglementaire. À midi, l’observation indique que Standard-Island se trouve à cent cinquante milles dans le sud-ouest des Samoa.

Entre temps, les vigies sont chargées de veiller avec un soin extrême.