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d’îles en îles.

d’autre, des adieux touchants, — ces adieux de gens qui ne se sont vus que pendant quelques jours et qui ne se reverront jamais. Le vieillard les bénit en les embrassant, et ils se retirent profondément émus.

Le lendemain, 23 décembre, le commodore Simcoë appareille dès l’aube et Standard-Island se meut au milieu d’un cortège de pirogues, qui doivent l’escorter jusqu’à l’île voisine de Savaï.

Cette île n’est séparée d’Upolu que par un détroit de sept à huit lieues. Mais, le port d’Apia étant situé sur la côte septentrionale, il est nécessaire de longer cette côte pendant toute la journée avant d’atteindre le détroit.

D’après l’itinéraire arrêté par le gouverneur, il ne s’agit pas de faire le tour de Savaï, mais d’évoluer entre elle et Upolu, afin de se rabattre, par le sud-ouest, sur l’archipel des Tonga. Il suit de là que Standard-Island ne marche qu’à une vitesse très modérée, ne voulant pas s’engager, pendant la nuit, à travers cette passe que flanquent les deux petites îles d’Apolinia et de Manono.

Le lendemain, au lever du jour, le commodore Simcoë manœuvre entre ces deux îlots, dont l’un, Apolinia, ne compte guère que deux cent cinquante habitants, et l’autre, Manono, un millier. Ces indigènes ont la réputation justifiée d’être les plus braves comme les plus honnêtes Samoans de l’archipel.

De cet endroit, on peut admirer Savaï dans toute sa splendeur. Elle est protégée par d’inébranlables falaises de granit contre les attaques d’une mer que les ouragans, les tornades, les cyclones de la période hivernale, rendent formidable. Cette Savaï est couverte d’une épaisse forêt que domine un ancien volcan, haut de douze cents mètres, meublée de villages étincelants sous le dôme des palmiers gigantesques, arrosée de cascades tumultueuses, trouée de profondes cavernes d’où s’échappent en violents échos les coups de mer de son littoral.

Et, si l’on en croit les légendes, cette île fut l’unique berceau des races polynésiennes, dont ses onze mille habitants ont conservé le