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l’île à hélice.

étudié dans quelles conditions s’était formée cette île, — formation commune à toutes celles de l’archipel. Ici, la marge calcaire, la largeur de l’anneau, si l’on veut, est de quatre à cinq mètres, très accore du côté de la mer, en pente douce du côté du lagon dont la circonférence comprend environ cent milles comme à Rairoa et à Fakarava. Sur cet anneau sont massés des milliers de cocotiers, principale pour ne pas dire unique richesse de l’île, et dont les frondaisons abritent les huttes indigènes.

Le village de Tuahora est traversé par une route sablonneuse, éclatante de blancheur. Le résident français de l’archipel n’y demeure plus depuis qu’Anaa a été déchue de son rôle de capitale. Mais l’habitation est toujours là, protégée par une modeste enceinte. Sur la caserne de la petite garnison, confiée à la garde d’un sergent de marine, flotte le drapeau tricolore.

Il y a lieu d’accorder quelque éloge aux maisons de Tuahora. Ce ne sont plus des huttes, ce sont des cases confortables et salubres, suffisamment meublées, posées pour la plupart sur des assises de corail. Les feuilles du pandanus leur ont fourni la toiture, le bois de ce précieux arbre a été employé pour les portes et les fenêtres. Çà et là les entourent des jardins potagers, que la main de l’indigène a remplis de terre végétale, et dont l’aspect est véritablement enchanteur.

Ces naturels, d’ailleurs, s’ils sont d’un type moins remarquable avec leur teint plus noir, s’ils ont la physionomie moins expressive, le caractère moins aimable que ceux des îles Marquises, offrent encore de beaux spécimens de cette population de l’Océanie équatoriale. En outre, travailleurs intelligents et laborieux, peut-être opposeront-ils plus de résistance à la dégénérescence physique qui menace l’indigénat du Pacifique.

Leur principale industrie, ainsi que Frascolin put le constater, c’est la fabrication de l’huile de coco. De là cette quantité considérable de cocotiers plantés dans les palmeraies de l’archipel. Ces arbres se reproduisent aussi facilement que les excroissances coralligènes a la