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trois semaines aux pomotou.

d’assez près par ces grands fonds. Ses embarcations y conduisent quelques visiteurs à travers la passe qui, à droite, s’abrite sous un rideau de cocotiers. Il faut faire cinq milles pour atteindre le principal village, situé sur une colline. Ce village ne compte guère que deux à trois cents habitants, pour la plupart pêcheurs de nacre, employés comme tels par des maisons taïtiennes. Là abondent ces pandanus et ces myrtes mikimikis, qui furent les premiers arbres d’un sol, où poussent maintenant la canne à sucre, l’ananas, le taro, le prionia, le tabac, et surtout le cocotier, dont les immenses palmeraies de l’archipel contiennent plus de quarante mille.

On peut dire que cet arbre « providentiel » réussit presque sans culture. Sa noix sert à l’alimentation habituelle des indigènes, étant bien supérieure en substances nutritives aux fruits du pandanus. Avec elle, ils engraissent leurs porcs, leurs volailles, et aussi leurs chiens, dont les côtelettes et les filets sont particulièrement goûtés. Et puis, la noix de coco donne encore une huile précieuse, quand, râpée, réduite en pulpe, séchée au soleil, elle est soumise à la pression d’une mécanique assez rudimentaire. Les navires emportent des cargaisons de ces coprahs sur le continent, où les usines les traitent d’une façon plus fructueuse.

Ce n’est pas à Hao qu’il faut juger de la population pomotouane. Les indigènes y sont trop peu nombreux. Mais, où le quatuor a pu l’observer avec quelque avantage, c’est à l’île d’Anaa, devant laquelle Standard-Island arrive le matin du 27 septembre.

Anaa n’a montré que d’une courte distance ses massifs boisés d’un superbe aspect. L’une des plus grandes de l’archipel, elle compte dix-huit milles de longueur sur neuf de largeur mesurés à sa base madréporique.

On a dit qu’en 1878, un cyclone avait ravagé cette île, ce qui a nécessité le transport de la capitale de l’archipel à Fakarava. Cela est vrai, bien que, sous ce climat si puissant de la zone tropicale, il était présumable que la dévastation se réparerait en quelques années. En effet, redevenue aussi vivante qu’autrefois, Anaa possède ac-