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l’île à hélice.

et auquel va s’ajouter temporairement cette extraordinaire Standard-Island.

Le lendemain 30 août, dès l’aube, nos Parisiens sont revenus à leur poste. Les hauteurs de Nouka-Hiva avaient été visibles dans la soirée précédente. Par beau temps, les chaînes de montagne de cet archipel se montrent à une distance de dix-huit à vingt lieues, car l’altitude de certaines cimes dépasse douze cents mètres, se dessinant comme un dos gigantesque suivant la longueur de l’île.

« Vous remarquerez, dit le commodore Simcoë à ses hôtes, une disposition générale à tout cet archipel. Ses sommets sont d’une nudité au moins singulière sous cette zone, tandis que la végétation, qui prend naissance aux deux tiers des montagnes, pénètre au fond des ravins et des gorges, et se déploie magnifiquement jusqu’aux grèves blanches du littoral.

— Et pourtant, fait observer Frascolin, il semble que Nouka-Hiva se dérobe à cette règle générale, du moins en ce qui concerne la verdure des zones moyennes. Elle paraît stérile…

— Parce que nous l’accostons par le nord-ouest, répond le commodore Simcoë. Mais lorsque nous la contournerons au sud, vous serez surpris du contraste. Partout, des plaines verdoyantes, des forêts, des cascades de trois cents mètres…

— Eh ! s’écrie Pinchinat, une masse d’eau qui tomberait du sommet de la tour Eiffel, cela mérite considération !… Le Niagara en serait jaloux…

— Point ! riposte Frascolin. Il se rattrape sur la largeur, et sa chute se développe sur neuf cents mètres depuis la rive américaine jusqu’à la rive canadienne… Tu le sais bien, Pinchinat, puisque nous l’avons visité…

— C’est juste, et je fais mes excuses au Niagara ! » répond Son Altesse.

Ce jour-là, Standard-Island longe les côtes de l’île à un mille de distance. Toujours des talus arides montant jusqu’au plateau central de Tovii, des falaises rocheuses qui semblent ne présenter aucune