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l’île à hélice.

connue, des ressources de son esprit diplomatique, le surintendant a complètement échoué. Jem Tankerdon ne veut point céder le pas à Nat Coverley, qui refuse de s’effacer devant Jem Tankerdon. On s’attend à un éclat.

Il n’a pas tardé à se produire dans toute sa violence, lorsque les deux chefs se sont rencontrés dans le square, l’un en face de l’autre. L’appareil est à cinq pas d’eux… Il n’y a qu’à le toucher du bout du doigt…

Au courant de la difficulté, la foule, très soulevée par ces questions de préséance, a envahi le jardin.

Après le concert, Sébastien Zorn, Yvernès, Frascolin, Pinchinat se sont rendus au square, curieux d’observer les phases de cette rivalité. Étant données les dispositions des Bâbordais et des Tribordais, elle ne laisse pas de présenter une gravité exceptionnelle pour l’avenir.

Les deux notables s’avancent, sans même se saluer d’une légère inclinaison de tête.

« Je pense, monsieur, dit Jem Tankerdon, que vous ne me disputerez pas l’honneur…

— C’est précisément ce que j’attends de vous, monsieur, répond Nat Coverley.

— Je ne souffrirai pas qu’il soit manqué publiquement dans ma personne…

— Ni moi dans la mienne…

— Nous verrons bien ! » s’écrie Jem Tankerdon en faisant un pas vers l’appareil.

Nat Coverley vient d’en faire un, lui aussi. Les partisans des deux notables commencent à s’en mêler. Des provocations malsonnantes éclatent de part et d’autre dans leurs rangs. Sans doute, Walter Tankerdon est prêt à soutenir les droits de son père, et, cependant, lorsqu’il aperçoit miss Coverley qui se tient un peu à l’écart, il est visiblement embarrassé.

Quant au gouverneur, bien que le surintendant soit à ses côtés,