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navigation.

pavillon de gauche. La Unième Avenue est inondée de rayons lumineux. Des hauteurs de l’espace, les lunes électriques versent des rayons dont la pâle Séléné doit être jalouse.

En face du casino, sur le trottoir, un peu à l’écart, un couple attire l’attention d’Yvernès. Un homme se tient là, une femme à son bras. L’homme, d’une taille au-dessus de la moyenne, de physionomie distinguée, sévère, triste même, peut avoir une cinquantaine d’années. La femme, quelques ans de moins, grande, l’air fier, laisse voir sous son chapeau des cheveux blanchis par l’âge.

Yvernès, frappé de leur attitude réservée, les montre à Calistus Munbar :

« Quelles sont ces personnes ? lui demande-t-il.

— Ces personnes ?… répond le surintendant, dont les lèvres ébauchent une moue assez dédaigneuse. Oh !… ce sont des mélomanes enragés.

— Et pourquoi n’ont-ils pas loué une place dans la salle du casino ?

— Sans doute, parce que c’était trop cher pour eux.

— Alors leur fortune ?…

— À peine deux centaines de mille francs de rente.

— Peuh ! fait Pinchinat. Et quels sont ces pauvres diables ?…

— Le roi et la reine de Malécarlie. »


VIII

NAVIGATION.

Après avoir créé cet extraordinaire appareil de navigation, la Standard-Island Company dut pourvoir aux exigences d’une double organisation, maritime d’une part, administrative de l’autre.