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KÉRABAN-LE-TÊTU.

vers les stries des éclairs, on voyait son équipage manœuvrer. Le capitaine essayait de gréer une voile de fortune, afin de se diriger sur les feux de la grève ; mais à peine hissée, la voile se déralingua sous le fouet de l’ouragan, et des morceaux de toile furent projetés jusqu’aux falaises, passant comme une volée de ces pétrels, qui sont les oiseaux des tempêtes.

La coque du petit bâtiment s’élevait parfois à une hauteur prodigieuse et retombait dans un gouffre où elle se fût anéantie, s’il eût eu pour fond quelque roche sous-marine.

« Les malheureux ! s’écriait Kéraban. Mes amis… ne peut-on rien pour les sauver ?

— Rien ! répondirent les pêcheurs.

— Rien !… Rien !… Eh bien, mille piastres !… dix mille piastres !… cent mille… à qui leur portera secours ! »

Mais les généreuses offres ne pouvaient être acceptées ! Impossible de se jeter au milieu de cette mer furieuse pour établir un va-et-vient entre la tartane et la pointe extrême de la passe ! Peut-être, avec un de ces engins nouveaux, ces canons porte-amarres, eût-on pu jeter une communication ; mais ces engins manquaient et le petit port d’Atina