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KÉRABAN-LE-TÊTU.

s’y trouvaient n’avait été blessé. Le toit, arraché, avait pour ainsi dire glissé vers la droite, tandis qu’ils étaient groupés dans l’angle à gauche près de la porte.

« Au dehors ! au dehors ! » cria l’un des gardiens en s’élançant sur les roches de la grève.

Tous l’imitèrent, et là, ils reconnurent à quelle cause était due cette catastrophe.

Le phare, foudroyé par une décharge électrique, s’était rompu à la base. Par suite, effondrement de la partie supérieure du pylône, qui, dans sa chute, avait défoncé le toit. Puis, en un instant, l’ouragan venait d’achever la démolition de la maisonnette.

Maintenant, plus un feu pour éclairer le chenal du petit port de refuge ! Si la tartane échappait à l’engloutissement dont la menaçaient les trombes, rien ne pourrait l’empêcher de se mettre au plein sur les récifs.

On la voyait alors irrésistiblement dressée, tandis que les colonnes d’air et d’eau tourbillonnaient autour d’elle. À peine une demi-encâblure la séparait-elle d’une énorme roche, qui émergeait à cinquante pieds au plus de la pointe nord-ouest. C’était évidemment là que le petit bâtiment viendrait toucher, se briser, périr.