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KÉRABAN-LE-TÊTU.

quait la direction ? C’était une dernière chance.

Aussi, la tartane essaya-t-elle de lutter contre le plus proche des météores, qui menaçait de l’attirer dans son tourbillon. De là, ces coups de canon, non de détresse, mais de défense. Il fallait rompre cette colonne tournante en la crevant de projectiles. On y réussit, mais d’une façon incomplète. Un boulet traversa la trombe vers le tiers de sa hauteur, les deux segments se séparèrent, flottant dans l’espace comme deux tronçons de quelque fantastique animal ; puis, ils se rejoignirent et reprirent leur mouvement giratoire en aspirant l’air et l’eau sur leur passage.

Il était alors trois heures du matin. La tartane dérivait toujours vers l’extrémité du chenal.

À ce moment, passa un coup de bourrasque qui ébranla le pylône jusqu’à sa base. Ahmet et le gardien durent craindre qu’il ne fût déraciné du sol. Les poutrelles craquées menaçaient d’échapper aux entretoises qui les reliaient à l’ensemble du bâti. Il fallut redescendre au plus vite et chercher un abri dans la maison.

C’est ce que firent Ahmet et son compagnon. Ce ne fut pas sans peine, tant l’escalier tournant se tordait sous leurs pieds. Ils y réussirent cependant