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KÉRABAN-LE-TÊTU.

Ahmet et le gardien, cherchaient à retrouver au milieu d’une éclaircie le point mobile qu’ils avaient déjà entrevu. Mais, ou ce point avait disparu, ou les éclairs ne mettaient plus en lumière l’endroit qu’il occupait. Si c’était un navire, rien d’impossible à ce qu’il n’eût sombré sous les coups de l’ouragan.

Soudain, la main d’Ahmet s’étendit vers l’horizon. Son regard ne pouvait le tromper. Un effrayant météore venait de se dresser à la surface de la mer jusqu’à la surface des nuages.

Deux colonnes, de forme vésiculaire, gazeuses par le haut, liquides par le bas, se rejoignant par une pointe conique, animées d’un mouvement giratoire d’une extrême vitesse, présentant une vaste concavité au vent qui s’y engouffrait, se déplaçaient en faisant tourbillonner les eaux sur leur passage. Pendant les accalmies, on entendait un sifflement aigu d’une telle intensité qu’il devait se propager à une grande distance. De rapides éclairs en zigzags sillonnaient l’énorme panache de ces deux colonnes, qui se perdait dans la nue.

C’étaient deux trombes marines, et il y a vraiment lieu d’être effrayé à l’apparition de ces phénomènes, dont la véritable cause n’est pas encore bien déterminée.