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KÉRABAN-LE-TÊTU.

— Du mouton, en effet, Nizib ! Ma conscience m’oblige…

— Dites votre estomac !

— À le reconnaître !… Après tout, il n’y a pas lieu pour vous de le regretter, Nizib !

— Mais si, monsieur Bruno, mais si !

— Non !… Vous n’auriez pu en manger !

— Et pourquoi ?

— Parce que ce mouton était piqué de lard, Nizib, vous entendez bien… piqué de lard, … et que le lard n’est point orthodoxe ! »

Là-dessus, Bruno se leva de table, frottant son estomac en homme qui a bien soupé ; puis, il rentra dans la salle commune, suivi du très déconfit Nizib.

Le seigneur Kéraban, Ahmet et Van Mitten, étendus sur les bancs de bois, n’avaient encore pu trouver un instant de sommeil. La tempête, d’ailleurs, redoublait au dehors. Les ais de la maison de bois gémissaient sous ses coups. On pouvait craindre que le phare ne fût menacé d’une dislocation complète. Le vent ébranlait la porte et les volets des fenêtres, comme s’ils eussent été frappés de quelque bélier formidable. Il fallut les étayer solidement. Mais aux secousses du pylône, encastré