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KÉRABAN-LE-TÊTU.

Le postillon pressait de son mieux ses chevaux. Ces pauvres bêtes ne marchaient plus qu’avec peine. Ahmet les excitait de son côté, tant il avait hâte d’arriver à la bourgade d’Atina ; mais, qu’il y fût devancé par l’orage, cela ne faisait plus maintenant aucun doute.

Le seigneur Kéraban, les yeux fermés, ne disait pas un mot. Ce silence pesait à Van Mitten, qui eût préféré quelque bonne bourrade de son ancien ami. Il sentait tout ce que celui-ci devait amasser de maugréements contre lui ! Si jamais cet amas faisait explosion, ce serait terrible !

Enfin, Van Mitten n’y tint plus, et, se penchant à l’oreille de Kéraban, de manière que Bruno ne put l’entendre :

« Ami Kéraban ? dit-il.

— Qu’y a-t-il ? demanda Kéraban.

— Comment ai-je pu céder à cette idée de vous quitter, ne fût-ce qu’un instant ? reprit Van Mitten.

— Oui ! comment ?

— En vérité, je ne le comprends pas !

— Ni moi ! » répondit Kéraban.

Et ce fut tout ; mais la main de Van Mitten chercha la main de Kéraban, qui accueillit ce repentir