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KÉRABAN-LE-TÊTU.

serviteur ! Vous n’êtes que mon ami, et un ami peut tout se permettre, même de briser les liens d’une vieille amitié !

— Kéraban !… mon cher Kéraban !… répondit Van Mitten, très ému de ce reproche.

— Vous resterez donc à Atina, s’il vous plaît de rester à Atina, ou même à Trébizonde, s’il vous plaît de rester à Trébizonde ! »

Et là-dessus, le seigneur Kéraban s’accota dans son coin, comme un homme qui n’a plus auprès de lui que des indifférents, des étrangers, dont le hasard seul a fait ses compagnons de voyage.

En somme, si Bruno était enchanté de la tournure qu’avaient prise les choses, Van Mitten ne laissait pas d’être très chagriné d’avoir causé cette peine à son ami. Mais enfin, son projet avait réussi, et, bien que l’idée lui en vînt peut-être, il ne pensa pas qu’il y eût lieu de retirer sa proposition. D’ailleurs, Bruno était là.

Restait alors la question d’argent, l’emprunt à contracter pour être en mesure, soit de demeurer quelque temps dans le pays, soit d’achever le voyage dans d’autres conditions. Cela ne pouvait faire difficulté. L’importante part qui revenait à Van Mitten dans sa maison de Rotterdam, allait