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KÉRABAN-LE-TÊTU.

il entendait les sourdes incitations, peut-être Van Mitten eût-il abandonné cette conversation dangereuse, quitte à la reprendre plus tard. Mais il n’y avait plus moyen de reculer, — d’autant moins que Kéraban, l’interpellant, d’une façon directe, cette fois, lui dit en fronçant le sourcil :

« Qu’avez-vous donc, Van Mitten ? On croirait que vous avez une arrière-pensée ?

— Moi ?

— Oui, vous ! Voyons ! Expliquez-vous franchement ! Je n’aime pas les gens qui vous font mauvaise mine, sans dire pourquoi !

— Moi ! vous faire mauvaise mine ?

— Avez-vous quelque chose à me reprocher ? Si je vous ai invité à dîner à Scutari, est-ce que je ne vous conduis pas à Scutari ? Est-ce ma faute, si ma chaise a été brisée sur ce maudit chemin de fer ? »

Oh ! oui ! c’était sa faute et rien que sa faute ! Mais le Hollandais se garda bien de le lui reprocher !

« Est-ce ma faute, si le mauvais temps nous menace, quand nous n’avons plus qu’une araba pour tout véhicule ? Voyons ! parlez ! »

Van Mitten, troublé, ne savait déjà plus que