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KÉRABAN-LE-TÊTU.

lui doit la préférence sur tous autres voyageurs, et Ahmet dut craindre, en arrivant à Atina, de n’y plus trouver que des chevaux épuisés.

Par bonheur, cette pensée ne vint point au seigneur Kéraban. Il aurait eu là une occasion toute naturelle d’exhaler de nouvelles plaintes, et en eût profité, sans doute !

Peut-être, d’ailleurs, cherchait-il cette occasion. Eh bien, elle lui fut enfin fournie par Van Mitten.

Le Hollandais, ne pouvant plus reculer devant les promesses faites à Bruno, se hasarda enfin à s’exécuter, mais en y mettant toute l’adresse possible. Le mauvais temps qui menaçait lui parut être un excellent exorde pour entrer en matière.

« Ami Kéraban, dit-il tout d’abord, du ton d’un homme qui ne veut point donner de conseil, mais qui en demande plutôt, que pensez-vous de cet état de l’atmosphère ?

— Ce que j’en pense ?…

— Oui !… Vous le savez, nous touchons à l’équinoxe d’automne, et il est à craindre que notre voyage ne soit pas aussi favorisé pendant la seconde partie que pendant la première !

— Eh bien, nous serons moins favorisés, voilà tout ! répondit Kéraban d’une voix sèche. Je n’ai pas le