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KÉRABAN-LE-TÊTU.

ce moment, de se mettre à la recherche de ce Saffar !

— Et pourquoi, mon neveu ?

— Ce personnage n’est plus à Poti, reprit Ahmet, Quand nous y sommes arrivés, il venait de s’embarquer sur le paquebot qui fait le service du littoral de l’Asie Mineure.

— Le littoral de l’Asie Mineure ! s’écria Kéraban, Mais notre itinéraire ne suit-il pas ce littoral ?

— En effet, mon oncle !

— Eh bien ! si l’infâme Saffar, répondit Kéraban, se rencontre sur mon chemin, Vallah-billah tielah ! Malheur à lui ! »

Après avoir prononcé cette formule qui est le « serment de Dieu », le seigneur Kéraban ne pouvait rien dire de plus terrible : il se tut.

Mais comment voyagerait-on, maintenant que la chaise de poste manquait aux voyageurs ? De suivre la route à cheval, cela ne pouvait sérieusement se proposer au seigneur Kéraban. Sa corpulence s’y opposait. S’il eût souffert du cheval, le cheval aurait encore plus souffert de lui. Il fut donc convenu que l’on se rendrait à Choppa, la bourgade la plus rapprochée. Ce n’était que quelques verstes à faire, et Kéraban les ferait à pied, — Bruno aussi, car il