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KÉRABAN-LE-TÊTU.

dépêche froissée, et il la parcourait machinalement.

— Oui !… Cette dépêche… « Madame Van Mitten, depuis cinq semaines, décédée… à rejoindre…

— Décédée à rejoindre ?… s’écria Kéraban. Qu’est-ce que cela signifie ? » Puis, lui arrachant la dépêche des mains, il lisait :

« Madame Van Mitten, depuis cinq semaines, décidée à rejoindre son mari, est partie pour Constantinople. » Décidée !… pas décédée !

— Il n’est pas veuf ! »

Ces mots s’échappaient de toutes les bouches, pendant que Kéraban s’écriait, non sans raison cette fois :

« Encore une erreur de ce stupide télégraphe !… Il n’en fait jamais d’autres !

— Non ! pas veuf !… pas veuf !… répétait Van Mitten, et trop heureux de revenir à ma première femme… par peur de la seconde ! »

Quand le seigneur Yanar et la noble Saraboul apprirent ce qui s’était passé, il y eut une explosion terrible. Mais enfin il fallut bien se rendre. Van Mitten était marié, et, le jour même, il retrouvait sa première, son unique femme, qui lui apportait, en guise de réconciliation, un magnifique oignon de Valentia.