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KÉRABAN-LE-TÊTU.

— exploit qui fut renouvelé, il y a quelque soixante ans, par lord Byron, fier comme peut l’être un Anglais d’avoir franchi en une heure dix minutes les douze cents mètres qui séparent les deux rives.

Est-ce que ce haut fait allait être renouvelé, à travers le Bosphore, par quelque amateur, jaloux du héros mythologique et de l’auteur du Corsaire ? Non.

Une longue corde était tendue entre les rives de Scutari et la tour de Léandre, dont le nom moderne est Keuz-Koulessi, — ce qui signifie Tour de la Vierge. De là, cette corde, après avoir repris un point d’appui solide, traversait tout le détroit sur une longueur de treize cents mètres, et venait se rattacher à un pylône de bois, dressé à l’angle du quai de Galata et de la place de Top-Hané.

Or, c’était sur cette corde qu’un célèbre acrobate, le fameux Storchi, — un émule du non moins fameux Blondin, — allait tenter de franchir le Bosphore. Il est vrai que, si Blondin, en traversant ainsi le Niagara, eût absolument risqué sa vie dans une chute de près de cent cinquante pieds au milieu des irrésistibles rapides de la rivière, ici, dans ces eaux tranquilles, Storchi, en cas d’accident,