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KÉRABAN-LE-TÊTU.

— Ce sera, mon oncle ?

— Ce sera, pour qu’elles se neutralisent, d’en épouser une douzaine de pareilles ! »

En ce moment, la porte s’ouvrit, et Sélim parut, la figure inquiète, la respiration haletante, comme s’il eût couru à perdre haleine.

« Mon père, qu’avez-vous ? demanda Amasia.

— Qu’est-il arrivé ? s’écria Ahmet.

— Eh bien, mes amis, il est impossible de célébrer le mariage d’Amasia et d’Ahmet…

— Vous dites ?

— À Scutari, du moins ! reprit Sélim.

— À Scutari ?

— Il ne peut se faire qu’à Constantinople !

— À Constantinople ?… répondit Kéraban, qui ne put s’empêcher de dresser l’oreille. Et pourquoi ?

— Parce que le juge de Scutari refuse absolument de faire enregistrer le contrat !

— Il refuse ?… dit Ahmet.

— Oui !… sous ce prétexte que le domicile de Kéraban, et, par conséquent, celui d’Ahmet, n’est point à Scutari, mais à Constantinople !

— À Constantinople ? répéta Kéraban, dont les sourcils commencèrent à se froncer.

— Or, reprit Sélim, c’est aujourd’hui le dernier