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KÉRABAN-LE-TÊTU.

— C’est de devenir veuve de moi !

— Monsieur Van Mitten, s’écria Yanar en portant la main à son yatagan, il suffirait pour cela d’un coup….

— C’est en quoi vous vous trompez, seigneur Yanar, et votre sabre ne ferait pas de madame Saraboul une veuve… par cette excellente raison que je n’ai jamais pu être son mari !

— Hein ?

— Et que notre mariage même serait nul !

— Nul ?

— Parce que, si madame Saraboul a le bonheur d’être veuve de ses premiers époux, je n’ai pas celui d’être veuf de ma première femme !

— Marié !… Il était marié !… s’écria la noble Kurde, mise hors d’elle-même par ce foudroyant aveu.

— Oui !… répondit Van Mitten, maintenant emballé dans la discussion, oui, marié ! Et ce n’est que pour sauver mes amis, pour les empêcher d’être arrêtés au caravansérail de Rissar, que je me suis sacrifié !

— Sacrifié !… répliqua Saraboul, qui répéta ce mot en se laissant tomber sur un divan.

— Sachant bien que ce mariage ne serait pas