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KÉRABAN-LE-TÊTU.

« Mais où sommes-nous, ami Sélim, demanda le seigneur Kéraban, et comment avez-vous pu nous rejoindre dans cette région où un traître avait entraîné notre caravane…

— Et loin de notre route ? ajouta Ahmet.

— Mais non mes amis, mais non ! répondit Sélim. Vous êtes bien sur le chemin de Scutari, à quelques lieues seulement de la mer !

— Hein ?… fit Kéraban.

— Les rives du Bosphore sont là ! ajouta Sélim en tendant sa main vers le nord-ouest.

— Les rives du Bosphore ? » s’écria Ahmet.

Et tous de gagner, en remontant les roches, le plateau supérieur qui s’étendait au-dessus des gorges de Nérissa.

« Voyez… voyez !… » dit Sélim.

En effet, un phénomène se produisait, en ce moment, — phénomène naturel qui, par un simple effet de réfraction, faisait apparaître au loin les parages tant désirés. À mesure que se faisait le jour, un mirage relevait peu à peu les objets situés au-dessous de l’horizon. On eût dit que les collines, qui s’arrondissaient à la lisière de la plaine, s’enfonçaient dans le sol comme une ferme de décor.