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KÉRABAN-LE-TÊTU.

de s’emballer, et dont il serait facile d’avoir raison. Les deux chevaux de Van Mitten et de Nizib n’étaient pas non plus pour les inquiéter. Seul, Ahmet avait un assez fringant animal ; mais, bon cavalier, il ne devait avoir d’autre souci que de modérer sa vitesse, afin de ne point distancer ses compagnons de route.

On quitta Poti à cinq heures du matin. À huit heures, un premier déjeuner était pris dans le bourg de Nikolaja, après une traite de vingt verstes, un second déjeuner à Kintryachi, quinze verstes plus loin, vers onze heures, — et, vers deux heures après midi, Ahmet, après une nouvelle étape de vingt autres verstes, faisait halte à Batoum, dans cette partie du Lazistan septentrional qui appartient à l’empire moscovite.

Ce port était autrefois un port turc, très heureusement situé à l’embouchure du Tchorock, qui est le Bathys des anciens. Il est fâcheux que la Turquie l’ait perdu, car ce port, vaste, pourvu d’un bon ancrage, peut recevoir un grand nombre de bâtiments, même des navires d’un fort tirant d’eau. Quant à la ville, c’est simplement un important bazar, construit en bois, que traverse une rue principale. Mais la main de la Russie s’allonge déme-