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KÉRABAN-LE-TÊTU.

— En effet, répondit Ahmet. Peut-être Scarpante nous a-t-il égarés dans cette portion reculée de l’Anatolie ! Peut-être sommes-nous plus éloignés de Scutari que nous ne le pensons !… Et dans cette charrette sont les seules provisions qui nous restent ! »

Toutes ces hypothèses étaient fort plausibles. On devait craindre, maintenant, que cette intervention d’un traître n’eût compromis l’arrivée du seigneur Kéraban et des siens sur les rives du Bosphore, en les éloignant de leur but.

Mais, ce n’était pas l’instant de raisonner sur tout cela : il fallait agir sans perdre un instant.

« Eh bien, dit Kéraban, il nous suivra, cet âne, et pourquoi ne nous suivrait-il pas ? »

Et, ce disant, il alla prendre l’animal par sa longe, puis, il essaya de le tirer à lui.

« Allons ! » dit-il.

L’âne ne bougea pas.

« Viendras-tu de bon gré ? » reprit Kéraban, en lui donnant une forte secousse.

L’âne, qui, sans doute, était fort têtu de sa nature, ne bougea pas davantage.

« Pousse-le, Nizib ! » dit Kéraban.

Nizib, aidé de Bruno, essaya de pousser l’âne